Eladamri, le Drow

Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 16/08/2005

I. Sa vie de drow

Perdue sur la Grande Route qui reliait Graal à R'Lyeh, la cité libre, aux murs assiégés de corbeaux déchaînés, avait toujours un air lugubre avec la lourdeur du climat qui vous pesait sur le dos. L'humidité était instable et un jour vous pouviez vous retrouver les genoux cernés par l'eau alors que la veille rayonnait tendrement le soleil de son plus grand éclat, asséchant les ruisseaux qui coulaient en aval depuis la forêt.

Alors qu'une de ces journées venait de s'écouler, le soleil partit vers l'Occident du monde pendant que le crépuscule s'anonçait... Bientôt la Lune parût de sa blancheur sans pareil et vint adoucir de son doux rayon les traits du jeune drow qui venait de naître. Les cris et les pleurs du nouveau-né résonnaient dans la noirceur du ciel et l'on aurait dit qu'ils auraient pu réveiller les morts... Sa mère, Iltur, c'était son nom, enveloppa le petit corps dans un drap jauni par le temps et le déposa sur la pierre froide du sol. Eladamri, un jeune drow dont le prénom remontait à trois générations. Eladamri le Priant, un prêtre de la famille qui avait servi son dieu jusqu'à la mort.

Peu après sa naissance, ses parents l'éduquèrent et il grandit sous leurs yeux éblouis par l'habilité à l'arc. Il le maniait avec une telle souplesse que bientôt il put chasser aux côtés de son père Rolandoë. Ainsi, il vécu ses dix-sept premières années sous la sécurité de ses parents qui chaque jour lui enseignait de nouvelles choses sur le monde dont il n'entendait ouïr que les commérages des filles de la rue qui gloussaient en le voyant. Ce monde auquel il fut contraint d'être confronté lorsque, un jour dont le déroulement ne sortait point de l'ordinaire, son père fut attaqué par des brigands.

Ayant perçu le bruit de l'acier contre l'acier, les cris des adversaires et le vent que perçait les flèches de son père malgrès l'orage qui grondait alors, Eladamri se précipita vers le lieu du carnage mais lorsqu'il arriva, il eut juste le temps de voir un brigand dégainer son épée et la lever haut dans le ciel que déjà Rolandoë tombait à terre, le bras fendu et ses égratignures regorgeant de sang chaud qui ruisselait jusqu'au sol, se mêlant à la pluie. Le drow s'approcha de son père qui essaya de parler mais en vain, ses lèvres ensanglantées et la douleur le contraignaient à rester dans le mutisme infernal.

Lorsque son père fut définitivement retiré de ce monde, Eladamri saisit un des vagabonds par le col et, marchant sur son pied comme pour lui faire serrer les dents, maugréa : " Va voir ton chef et dis-lui que moi, Eladamri, Drow archer et fils de Ralondoë, consent pleinement à sa mort et que jusqu'à ce qu'il pousse son dernier cri, je ne connaîtrais le repos. "

Relâchant brutalement l'indigène qui se retrouva par terre, il cracha et ce dernier partit avec son compagnon répéter, Eladamri le savait, les propos qu'il avait entendus à son chef.

Un an plus tard, le jour de ses 18 ans, Eladamri quitta le domicile familial avec en idée de s'allier aux Répurgateurs pour qu'ils l'aident à retrouver ceux qui avaient tué son père. Ils acceptèrent et Eladamri put enfin connaître le plaisir de manier l'arc et de combattre pour son honneur.

Les semaines passèrent jusqu'au jour où ils se retrouvèrent devant R'Lyeh. Là, pamis les halos de fumées et les arbres calcinés était levé le camp des Gardes de R'Lyeh et, au petit matin, ils l'assaillirent.

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II. Un meurtre par vengeance.

Au cœur de la cité, Eladamri commença à traquer son homme, Rabit. Car c'était lui, désormais il en était sûr, qui avait tué son père. Ce dernier avait pour habitude de traîner dans le bar de la ville et c'est là que Eladamri le trouva, buvant de la bière avec ses acolytes.

Le provoquant en duel, Eladamri s'entraîna dans un rude combat fit rage sous les yeux de ses compagnons. Même si les deux adversaires faisaient fracasser leurs armures, ils n'arrivaient guère à endommager plus que quelques égratignures aux armes de l'autre... Si bien que le combat dura une éternité jusqu'a ce que Rabit, affligé et essouflé par ces attaques que son épée bien trop grande pour lui venait affliger de sa lourdeur incroyable, s'écroula sur le sol. Eladamri avait finalement, resigné de sa maladresse à l'épée, saisit une flèche et l'avait planté directement dans le front de son adversaire duquel scintilla l'amer éclat du sang corrompu. Après avoir passé quelques instants agonisant à même le sol, essayant de se relever et se tortillant comme un asticot sequestré, il mourut.

Eladamri fut très fier de son exploit mais après être sorti de l'auberge -indemne !- sous les regards des clients qui ne ressentaient aucune anxiété ni même un danger dans la scène qui venait de se passer , son sourire commença à le quitter. Bien qu'il eut vengé son père, il n'avait guère retrouvé la présence de ce dernier et ce, il déplora de ne point y avoir songer auparavant...

Ayant accompli son vouloir, il quitta les Répurgateurs. Son oncle Moréar le Sanglant l'hébergea, lui et sa mère chez lui, là où habitait son ami et cousin, Larax.

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III. Chez Larax

Chez Moréar, il put enfin approfondir son apprentissage au tir à l'arc. Chaque jour, un nouveau maniement et chaque jour, une cible touchée en plein cœur. Pendant ses longues séances de tirs, il décupla son agilité et fut plus discipliné.
Quant à l'ami Larax, lui, maniait l'épée avec une dextérité et une rapidité qui ne cessait de s'accroître chaque seconde. Son père, fier de lui, s'occupa de son apprentissage plus largement lorsque Eladamri eut atteint le niveau voulu.

" Non ! Vise com' ça ! " hurla Moréar en esquissant un geste de la main comme si il tenait un arc.
Eladamri l'imita et pour la enième fois de la journée, atteint le centre du panneau de bois. Il fut si fier de lui qu'il sourit et Moréar le félicita d'une tape dans le dos.

" Voilà ! Ca c'est ce qu' j'appelle tirer à l'arc ! Tu t' débrouille bien, j'pense que tu tireras plus grand chose de moi ! Fais juste d'la chasse ou d' l'entraînement... mais tue pas de lapins, ok p'tit gars ? Aime pas ça moi, tuer des lapins... "

Il rit puis partit en direction de Larax qui baffouait de son épée un mannequin rembourré de paille, laissant Eladamri avec son arc. Quoiqu'un peu aguiché à l'idée de chasser, Eladamri était un peu fatigué et voulut rentrer dans la chaumière pour y prendre un bain.

Quant à elle, Iltur faisait le ménage et la cuisine, comme d'après Moréar devait le faire toute femme compétante, mais Eladamri venait souvent la voir pour l'aider et en échange, cette dernière l'emmenait en ville ou dans les bois, à l'aube ou pendant la nuit, faisant des courses ou même la cour aux jouvencelles du coin.

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IV. Le rapprochement

Enlevant les quelques broussailles de ses cheveux, frottant ses pieds sur le paillasson qui demeurait au seuil de la porte et déposant le bois humide à l’abri de l’orage qui grondait alors dans toute la vallée, Eladamri pénétra dans le salon.

Un feu avait été allumé dans la cheminée, diffusant ainsi une onde de chaleur dans toute la pièce pour laquelle Eladamri sentit bon d’humer l’odeur de viande cuite qui émanait du chaudron. Le bois créait une ambiance de convivialité dans cette chaumière qui avait faible envergure. Lorsqu’Eladamri voulut questionner Iltur sur le dîner prévu, il la trouva aux bras de Moréar, lequel se retourna brusquement en le voyant ainsi livide.
« Eh bien mon gars ! Ne vois-tu pas que nous nous aimons ? Il n’y a rien de répugnant à cela !

-Je… Oui… Juste que…,balbutia-t-il.
-Moréar et moi allons nous marier !, s’exclama Iltur. »

Là, il demeura plus que coi. Iltur allait se marier avec Moréar… ah ! Non pas que cela ne l’enchante pas mais Iltur… elle… elle qui naguère avait épousé Ralondoë… non ! Pas elle ! Et si pourtant… il fallait l’admettre.

Déjà, à leur arrivée, Iltur avait montré quelque attirance à l’égard de Moréar qui l’avait accueilli très gentiment. Une attirance qui, Eladamri l’aurait juré, n’irait pas plus loin que celle d’une veuve devant un homme courtois avec elle. Cependant, depuis quelques jours, il les avait surpris souvent ensemble mais ne se doutait de rien. Juste Moréar qui aidait Iltur à préparer les repas et Iltur rendant la sympathie à son hôte.

Et aujourd’hui, ils décidaient de vivre ensemble. De se marier ! Quelle idée ! Appeler Larax « frèro » lui semblait étrange… quoique, il s’y ferait bien avec le temps.

« Alors quoi ? Pourquoi reste-tu ainsi mon fils ? ,demanda Iltur

-Je… je vous félicite », peina-t-il à articuler.

Iltur sourit et elle continua d’embrasser Moréar alors que Eladmari arpentait déjà l’escalier qui menait à sa chambre. Oui, SA chambre. Dans SA maison. Il devrait s’y faire…

Le lendemain, ils se marièrent et Eladamri, quoi qu’enchanté, eut une étrange sensation en rentrant à la chaumière. Mais il mit cela sur le dos de la fatigue et de la surprise. Il devait désormais penser à autre chose, car au-delà du bois qui entourait la maison, le monde s’agitait.